Dites leur que je suis un homme !

onstage during the 2012 BET Awards at The Shrine Auditorium on July 1, 2012 in Los Angeles, California.

Grande soirée hier soir. N’étant pas super fan de Mary J. Blige (contrairement à l’équipe dans laquelle je me trouvais…) je suis allé en curieux pour voir et même découvrir. Pour moi Mary Jay c’est (c’était) madame featuring Method Man, Jay-z et j’en passe. Du coup hier j’ai vu, j’ai écouté et j’ai aimé. C’est éclectique. C’est fort. La dame s’est ouverte à quelques confidences, sans trop rentrer dans les détails, sur sa vie de femme artiste. Plus tôt dans le mois, je suis tombé sur le documentaire sur Nina Simone et l’adage m’est sauté aux yeux : un artiste utilise ses peines et combats comme ciment pour construire son œuvre.


J’attendais impatiemment LE clou du spectacle my man D’Angelo. Après plusieurs tentatives infructueuses (Paris, Zurich, Londres, Rotterdam, Kinshasa…quoi ?!) voilà que cette fois les astres se sont alignés. Après 15 ans d’absence, enfin je vais pouvoir confirmer ce que je pense sans l’ombre d’un doute ; ce mec est un génie. Qu’on se le dise D’Angelo a créé un monstre, la cover de voodoo. Du coup, on attend de lui d’être « bien foutu » et de faire des vocalises et…c’est tout. Les hommes lui reconnaissent un talent mais lui en veulent secrètement d’être celui auquel leurs femmes pensent pendant « les moments d’échange » et les femmes ne sont pas super enclines à redonner une chance au grand méchant loup qui a fait souffrir Angie Stone (selon la presse) et qui surtout a perdu ses plaques d’abdominaux et le « V des hanches » comme elles disent. Mais alors dans tout ça, la musique, le message, la démarche sont où ? Qu’est- ce qui est plus important ? Est-ce que D est un entertainer ou un messager ? Hier la réponse était très claire rien qu’en observant la line-up, le mec vient avec une armée. Il s’est fait prier pour monter sur scène mais dès qu’il a s’agit de rencontrer son public, le gars n’a pas tremblé du menton et il y est allé. Avec ses doutes, ses peines, sa boule au ventre mais surtout avec son talent. Les morceaux se sont enchainés, les tenues aussi. Le gars est là, plus rond mais plus percutant, il est en mission. Black Messiah. D vient en homme du quotidien. En homme décomplexé même si c’est dur et rend hommage à James Brown, Prince, Jimi Hendrix et même MJ par moments. Il sait qu’il est la branche d’un arbre bien enraciné.


Décomplexé même si c’est dur, il a essayé de vaincre le monstre avant de quitter la scène en interprétant How does it feel. Dur. Les attentes sont pesantes. Il craque. Il est vulnérable. Ce morceau en particulier représente (peut-être) tout ce qu’il cherche à combattre aujourd’hui (le monstre) mais il fait partie de lui. Ce groove c’est D et pas autre chose. Il balbutie, piétine et tombe, le monstre a la dent dure. L’armée derrière le relève et à ce moment on se rend compte que cette armée est son extension. Ce n’est plus D’Angelo & The Vanguard c’est un tout solide. D montre un moment de faiblesse mais il peut se le permettre, il a de la marge. Tout comme Mary Jay plus tôt dans la soirée. Il passe du couplet au bridge pour en finir à ce moment il est dans les cordes mais le round n’est pas terminé alors il continue le combat contre le monstre, toujours avec l’armée qu’on sent aussi ébranlée mais toujours en mission. Le morceau arrive à sa fin et le batteur Chris Dave descend de son trône pour faire une accolade à son pote D qui est encore sonné. Les deux s’enlacent. L’état du t-shirt de Chris en dit long sur le combat qu’il vient de mener, il est trempe de la tête aux pieds. L’atmosphère est moite. Dans le public on se demande ce qu’il vient de se passer. D est en pleurs. Le gars solide est d’un coup devenu fébrile et les membres de son armée viennent tour à tour lui donner l’énergie nécessaire avant de quitter la scène. L’armée s’effeuille et laisse le noyau seul. D est au piano pour un dernier morceau intimiste. Pour être honnête je n’ai pas écouté. J’étais encore « dans mon truc ». Silence. Seul. D finit son morceau, remercie « Montreux-Switzerland » et repart dans les loges. La lumière s’allume et la vie reprend son cours.


Après quelques poignées de mains, accolades et autres promesses « de se choper bientôt » me voici dans la voiture de retour dans le quotidien. La team Mary Jay s’endort. Silence. Seul. Je continue le trajet en écoutant ma playlist « soulquarians » en me disant « c’est un ouf ». Un ouf décomplexé même si c’est dur. Je ne vais pas écouter de musique pendant quelques jours….sûrement le temps de digérer.

 

I will never betray my heart

 

Wetu.

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